Exposition du 4 avril 2014
Jérôme Dussuchalle
Jérôme Dussuchalle
Jérôme Dussuchalle |
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Branche
mémorielle
Pierre Rochigneux
L'objet archéologique ne sait pas quoi garder de
lui-même, il ne sait pas quoi montrer de lui-même, abusant de la situation pour
se faire mystérieux, précieux, joli, rare ou convoité, convoitable donc en
toutes circonstances puisque cet objet est la gangue de lui-même d'où est
supposé sortir le trésor.
Et ce
trésor est la vérité ou l'histoire ou le déroulement des choses ou simplement
la façon qu'on a de le voir en cet instant qu'il s'offre au regard. Et cet
objet est constamment changeant, il est dans un perpétuel déséquilibre comme
l'arbre qui n'aurait de racines que ses paroles. Cet objet se fait de toute matière,
sa fragilité vient qu'on ne sait pas jusqu'où le creuser, le frotter, le
nettoyer ou le protéger, il a sa propre empreinte, comme un souvenir a sa
propre mémoire.
Cet
objet, pour peu qu'on lui greffe les pattes et l'œil, ira certainement
retrouver sa trace et son lieu, sa fabrication ; cet objet cherchera sa
naissance, ventre à terre. Et cet objet n'a pas d'idée, ne sait rien de ses
semblables, il lui faudrait s'élever pour connaître son contexte. Mais on ne
greffe pas d'ailes à l'objet archéologique, il s'élèverait et rejouant Icare se
briserait, nous faisant perdre sa préciosité qui est que cet objet est un
moment.
L'arbre sans racines, son hypocrite frère, veut
s'affranchir de son lieu et veut perdre sa naissance. Cet arbre cherche sa
mort, il entend se transformer, être méconnaissable pour être reconnu. Lui
aussi, ayant l'idée d'Icare, veut faire le beau, entre la gloire et la chute.
Par sa présence qui est un témoignage, il entend comme l'objet révéler les
lieux dans lesquels il se promène, cet arbre sans racines n'a pas de mémoire et
n'est pas porteur de la terre dont il s'est affranchi, il a besoin de
l'objet : l'un parle et l'autre écoute, l'un dort et l'autre parade, l'un
est stable et fait l'histoire, l'autre est sur le fil et
fait des histoires.
Notre chemin est défini par la surface qu'il scarifie,
révélant alors les objets têtus, jalonné d'arbres promeneurs. Il ne s’agit pas
de réinventer la forêt et ses sous-sols, on aimerait, par orgueil de création,
inventer la branche sensible que le chat ni l’oiseau n’auront encore visée.
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